Mathilde
Mathilde, c'était un ange sur les galets, avec qui on ne savait jamais comment les choses allaient tourner.
C'était une étudiante en arts pla que j'avais rencontré à l'île de Ré, et qui avait trois ans de plus que moi. Ce soir-là, vers la mi-août, les jeunes du camping où je me trouvais avaient fini par se retrouver sur les galets de la plage, face au pont de La Rochelle. La plupart se sont mis mal et sont partis très tôt. Mais Mathilde, avec qui j'avais entamé la discussion plus tôt dans la soirée, ne bougeait pas. Ses copines, avec qui elle était venue depuis Rouen, sont reparties les unes après les autres sans qu'elle ne bougeât pour autant. Vers 5h du mat, nous étions finalement seuls sur cette plage. Alors que notre discussion avait commencé à propos de Virginie Despentes, pour glisser sur Dolly, nous en étions à comparer nos expériences mutuelles des manifs de l'après-21 avril. Vers 6h, me sentant relativement fatigué, elle m'emmena sur un terrain de beach-volley situé un peu plus loin et me massa durant un long moment, en théorisant sa croyance selon laquelle je lui transmettrais par ce contact mon stress. Ce premier contact m'a fait sentir que tout était possible.
Le lendemain, je l'ai revue, alors qu'un jeu de rôle nous réunissait tous ensemble. A un moment, elle s'est mise à me chatouiller, je l'ai coursée et alors que je voulais en faire de même, je l'ai prise dans mes bras, où elle s'est blottie. Durant toute la soirée, je me suis occupé d'elle le plus tendrement possible. Elle m'a dit plus tard qu'elle se laissait faire tant que ce que je faisais lui plaisait, mais que si j'avais fait le moindre dérapage, elle m'en aurait collé une et je ne l'aurais plus revue.
Nous sommes restés ensemble durant deux semaines. Durant ce laps de temps, j'aurai le souvenir de coquillages que nous serons allés chercher ensemble à marée basse, de soirées sur le port de Saint-Martin, de cette pelle qu'elle me roula en sortant d'un magasin pour marquer sa possession, alors qu'un mec posé à côté de moi sur le banc où je l'attendais me détaillait de bas en haut...
Aujourd'hui, si tout s'est bien passé, elle a progressé dans ses études d'arts pla, et doit être partie à Lyon, où elle voulait vivre. Telle que je la connais, elle a dû aussi bien bouger aux mois de mars et d'avril, cette fille avait le tempérament de l'Olga la Blonde du Saint-Pétersbourg de Saez...
Si j'en parle en premier, c'est sans doute que c'est une des filles que j'ai connu qui m'a le plus marqué. Peut-être serais-je devenu fou avec elle, à la longue?...
